C’est dans un contexte très particulier que ce jeudi 16 avril à la Chambre nous avons voté ma proposition de loi sur le Revenge Porn, une proposition qui prend d’autant plus son sens en cette période de confinement qui nous pousse à utiliser davantage les outils numériques et malheureusement aussi une période durant laquelle nous constatons une forte augmentation des violences et de la cybercriminalité et qui amplifie encore toutes les fragilités.
Et pourtant, cette proposition peut paraître dérisoire au regard de ce que chacun vit depuis des semaines mais le phénomène de diffusion d’images à connotation sexuelle sans l’accord des personnes intéressées fait aussi hélas des victimes : victimes traumatisées à vie par la honte, victimes rongées par la culpabilité, victimes qui se taisent et endurent coupées de tous contacts sociaux, victimes harcelées et qui parfois sont poussées jusqu’au suicide. Et nous le savons, ce sont des femmes qui pour 90% sont concernées par ce phénomène.
C’est une violence, insidieuse, sournoise, celle qui se nourrit de la publicité qu’en font leurs auteurs, lâches, sous couvert d’anonymat, parfois, amplifiés par des réseaux sociaux toujours avides de sensationnalisme, d’images choquantes et dégradantes.
Il nous fallait agir pour protéger les personnes vulnérables, souvent des jeunes et empêcher que ces images dégradantes puissent faire le tour de la toile, il nous fallait agir pour rappeler que c’est une infraction que s’adonner avec une intention méchante ou pas, avec ou sans intérêt économique à ce type de diffusion et de partage.
Les victimes, qui se taisent souvent actuellement, par honte et parce qu’elles se disent qu’il ne sert à rien de parler et de dénoncer puisque rien ne pourra être fait pour elles, doivent savoir que nous avons voulu leur donner un vrai outil pour empêcher que les images dégradantes ne circulent, mais que nous avons aussi voulu que les auteurs de tels actes ne restent pas impunis, surtout si ils ont posé leurs actes de manière malveillante ou dans un but de lucre. Je rappelle souvent aussi à ces victimes que le fait de donner son consentement pour la prise de photos ou de vidéos dans le cadre intime n’implique pas qu’elles aient donné leur accord pour la diffusion . Il sera important aussi de souligner qu’un mineur ne sera jamais censé avoir donné son accord pour la diffusion.
Ados, parents, victimes, services de police, justice, plates-formes, opérateurs, services publics, politiques, nous devons marcher dans la même direction, celle d’abord de la prévention à des outils magnifiques de partage, de liens sociaux, de contacts entre nous, (nous le voyons encore plus aujourd’hui ) mais aussi à leurs terribles dérives destructrices de propagation de la haine, du mépris, du harcèlement, du non-respect . C’est de notre de devoir de travailler à plusieurs axes pour que toutes les formes de cyber harcèlement et de cyber haine quittent le champs de la vie réelle et virtuelle.
Avec ce vote positif, nous ouvrons le champs des possibles de la maîtrise d’internet, des réseaux sociaux, de la préservation de la liberté avec une corolaire, celui du respect des droits fondamentaux de chacune et de chacun. En votant ce texte aujourd’hui, c’est vers une société plus humanisée que nous avançons.