Vanessa Matz (cdH): Monsieur le président, monsieur le ministre, la police fédérale est chargée du recrutement et de la sélection des membres de la police intégrée. Durant la législature du précédent gouvernement, il a été demandé d’analyser tous les processus RH dans l’optique d’une éventuelle sous-traitance et d’effectuer un audit des processus de recrutement et de sélection. La possibilité de sous-traiter a été analysée et s’avère une solution coûteuse compte tenu de l’organisation du recrutement et de la sélection inhouse.
Un défi plus important et plus urgent était l’automatisation du processus de sollicitation et la réduction de la durée de l’ensemble du processus. Un nouveau concept de sélection a ainsi été développé puis négocié avec les syndicats, sur base des principes suivants: accroître la participation locale au recrutement et à la sélection; se concentrer sur les candidats qualitatifs en orientant la sélection sur le potentiel; l’automatisation et la digitalisation des processus y compris des tests; rendre le processus de sélection plus flexible en distinguant les profils génériques et spécialisés et en organisant des fast tracks (des procédures accélérées pour une région spécifique). Monsieur le ministre,
- Pouvez-vous-nous donner un peu plus d’informations sur la manière dont le personnel policier sera recruté?
- Comment se déroule la procédure?
- Que signifie la formule « 1 sur 1 »?
- Quel est le timing? Quel est l’état d’avancement de cette nouvelle procédure?
- Les arrêtés royaux relatifs à la sélection générique ontils été rédigés et ont-ils suivi le processus administratif?
- Qu’en est-t-il actuellement?
- Quelles sont les conditions qui rendent possible l’organisation des fast tracks?
- Comment les tests seront-ils organisés?
- Quels sont les avantages d’une telle procédure?
- Comment comptez-vous procéder à l’automatisation et à la digitalisation du nouveau processus?
- Combien d’aspirants policiers ont-ils été engagés en 2019 et quel sera, à votre avis, le chiffre pour l’année 2020?
Pieter De Crem, ministre: Monsieur le président, chère collègue, la philosophie du nouveau concept de recrutement et de sélection est qu’un aspirant sélectionné est, dès le départ, avant même sa formation, lié à une entité. C’est le concept de « 1 sur 1 ».
Cela permet de faire coïncider au mieux l’offre et la demande. Le candidat à une fonction dans la police intégrée devra se rendre sur notre site Jobpol. Après la création de son compte Jobpol, le candidat accède à sa procédure de sélection en choisissant son propre planning de sélection et en suivant l’évolution de sa candidature et de ses résultats. L’informatisation des tests à domicile sera mise en avant par son compte Jobpol.
Le candidat aura l’occasion de passer certains tests de sélection. L’actuelle journée d’évaluation de la personnalité sera remplacée par un entretien individuel semi-structuré. Si le candidat satisfait aux conditions requises, il sera directement invité en commission de sélection dans l’entité demandeuse. Ainsi, chaque entité pourra sélectionner discrètement son personnel et garder le contact avec sa recrue durant sa formation, à condition que l’intéressé ait franchi préalablement l’étape du contrôle médical.
En parallèle aux mesures de compétence citées ci-dessus, une évaluation de la moralité sera effectuée chez le candidat, qui devra y satisfaire pour prétendre à une place dans nos écoles de formation. En raison des mesures gouvernementales pour lutter contre le COVID-19, nous avons pris des initiatives qui nous rapprochent de ce projet de sélection, par exemple au travers d’un questionnaire de personnalité en ligne ou de la suppression de l’épreuve en groupe.
S’agissant des fast tracks, il est certain que cette nouvelle manière de fonctionner sera de plus en plus proposée. En effet, ces mesures permettent de répondre à un besoin des zones de police ou d’une autre entité fédérale déterminée.
C’est ainsi que les psychologues du service de sélection travailleront selon cette formule, pour cibler les candidats d’une région donnée ou voulant y travailler, afin de livrer un pool de candidats à pourvoir dans la zone cible. Le projet se met en place de manière à pouvoir recourir aux nouveaux outils en 2021.
Le marché public relatif aux nouveaux tests de sélection a été validé par l’Inspection générale des finances et attend à présent l’accord du Conseil des ministres. Les arrêtés royaux relatifs à la sélection générique ont été rédigés et devront recevoir l’avis ainsi que la signature d’un nouveau gouvernement de plein exercice.
En 2019, 1 237 aspirants inspecteurs sont entrés en formation. Pour ce qui concerne l’année en cours, l’objectif fixé est d’en recruter 1 400.
Vanessa Matz (cdH): Monsieur le ministre, je vous remercie de votre réponse. Au-delà des budgets dont vous avez hérité et que votre prédécesseur avait considérablement réduits, nous sentons que persiste aussi un problème d’attrait de la fonction et de facilité dans le recrutement, auquel répondent vos nouvelles procédures. En l’absence de gouvernement de plein exercice, celles-ci ne pourront évidemment produire leurs effets pleins et entiers. Dans cette procédure plus rapide et optimale de sélection, il faudra également éviter de négliger plusieurs formations essentielles (lutte contre les discriminations et les violences).
Il y a un équilibre subtil à atteindre entre ces deux impératifs essentiels: avoir un nombre suffisant d’unités de police, mais aussi faire en sorte que ces agents soient formés à des phénomènes auxquels ils sont régulièrement confrontés. Je constate que les recrutements en 2019 ont légèrement augmenté, probablement grâce au travail que vous avez mené et malgré les économies colossales réalisées par votre prédécesseur. Si nous pouvons atteindre le chiffre de 1 400 en 2020, nous aboutirons à un régime qui permettra de remplir les cadres et aux services de police d’exercer leurs missions de manière optimale.