Vanessa Matz (Les Engagés): Madame la ministre, la presse du week-end s’est fait l’écho d’une situation particulièrement interpellante à la police judiciaire fédérale de Liège. En effet, des faits de harcèlement, tant moral que sexuel, y sont relatés; un manque de transparence dans les nominations; des déplacements de personnel sans raison valable et un grand nombre de tensions entre direction et membres du personnel. Certains membres du personnel confient des pensées suicidaires tant l’ambiance est – pardonnez l’expression – pourrie. Ce sont les syndicats qui, au travers de la presse, se font les relais de ces informations inquiétantes.
Il semble y avoir eu une demande d’enquête en septembre 2022 pour que soit fait un état des lieux de cette police judiciaire à Liège, demande qui avait été refusée. Nous savons par ailleurs que la police judiciaire fédérale de Liège travaille dans des conditions compliquées, comme la police judiciaire de manière générale au vu du nombre de missions qui lui est confiée, la tension inhérente au travail et le manque de personnel. À Liège, s’ajoute le très mauvais état des locaux.
- Avez-vous – vous ou le commissaire général – été mise au courant des tensions qui existent au sein de cette police judiciaire? Si oui, depuis quand?
- Quelles mesures avez-vous – ou le commissaire général – prises pour tenter d’apaiser la situation à Liège qui semble particulièrement tendue et difficile pour un personnel déjà par ailleurs mis sous pression?
Annelies Verlinden, ministre: Madame Matz, après avoir pris connaissance de la médiatisation de la situation à la police judiciaire fédérale (PJF) de Liège, j’ai immédiatement interrogé le commissaire général à ce sujet.
Le commissaire général et le directeur général de la police judiciaire ont reçu deux courriers de la CGSP concernant les faits en question. Plusieurs mesures ont entre-temps été prises, à savoir: la demande formulée à l’Inspection générale de la police fédérale et de la police locale (AIG) d’ouvrir une enquête judiciaire; la demande adressée aux mandataires permanents de diriger les personnes ayant évoqué le suicide vers le conseiller en prévention et le médecin du travail; l’objectivation des éléments mentionnés dans la lettre de la CGSP par la Direction interne de prévention et de protection au travail de la police fédérale; la demande formulée au Service externe pour la prévention et la protection au travail IDEWE afin de recevoir l’ensemble des résultats de l’enquête globale en 2024 sur la PJF de Liège et l’analyse des résultats; la réalisation d’une enquête spécifique afin d’identifier et d’objectiver les causes ayant conduit à ce climat; l’ouverture d’une enquête disciplinaire. Par la suite, le commissaire général s’adressera à l’ensemble des collaborateurs de la PJF de Liège. Il est essentiel d’obtenir le plus rapidement possible un aperçu complet de la situation.
Je tiens à exprimer ma reconnaissance aux milliers de collaborateurs de la police fédérale et de la police judiciaire pour leurs efforts au quotidien. Ils méritent un lieu de travail agréable et des conditions de travail correctes. Je continuerai à m’engager à 100 % en faveur d’un environnement de travail agréable au sein des forces de police.
Vanessa Matz (Les Engagés): Madame la ministre, je vous remercie pour cet état de la situation et cette demande d’objectivation de la situation. Il ne s’agit évidemment pas de remettre en cause ce qui est mentionné par les syndicats. Il s’agit de déterminer combien de personnes parmi les 350 membres du personnel de la PJF de Liège sont concernés. Il s’agit également d’identifier les problèmes et, surtout, de les résoudre.
N’aurions-nous pas pu gagner deux ans? Il semble que les syndicats avaient déjà interpellé dès septembre 2022 au sujet de cette situation qui semble s’être fortement dégradée depuis. Si les mesures actuelles sont de nature à rassurer le personnel, les syndicats et la police judiciaire fédérale dans son ensemble, je regrette toutefois la perte de temps dans ce dossier.