Vanessa Matz (cdH) : Madame la présidente, madame la ministre, je reviens encore sur le dossier de la gestion des inondations en région liégeoise. Ces inondations terribles ont coûté la vie à plusieurs dizaines de personnes et ont plongé des milliers de personnes dans un désarroi profond. J’habite dans cette région et j’ai des contacts réguliers avec des associations, des sinistrés, des bénévoles. Il n’y a plus beaucoup d’espoir, l’hiver est presque là et de nombreuses familles vivent dans des conditions indignes d’un État de doit.
Il n’y a pas d’eau chaude, il n’y a pas de chauffage, on sait à peine cuisiner. La priorité absolue reste l’aide aux sinistrés. Vous avez annoncé que la cellule d’appui fédéral serait levée à la mi-novembre. Nous ne savons pas jusque quand la Défense sera sur place. Il reste beaucoup de travail pour faire en sorte que les sinistrés puissent passer l’hiver dans des conditions dignes. C’est la priorité absolue de tous les gouvernements de ce pays, peu importe la répartition des compétences, qui ne compte pas sur le terrain !
Si la priorité absolue est à l’aide aux sinistrés, il reste des questions sans réponse. On s’est demandé si les sinistrés étaient intéressés par une commission d’enquête parlementaire. Ce n’est pas cela qu’ils veulent. Ce qu’ils veulent, ce sont des réponses quant à ce qu’il s’est réellement passé. Il y a non seulement les familles endeuillées par la perte d’un proche, mais aussi comme je l’ai souvent dit, toutes ces familles qui n’ont pas perdu un proche mais qui sont néanmoins endeuillées après avoir vu toute une vie balayée en quelques instants.
Pour avancer, il faut comprendre. Ces familles doivent, comme lors d’un deuil, comprendre ce qu’il s’est passé et ne pas avoir l’impression que les uns et les autres se rejettent la balle ou restent les bras ballants, fatalistes, en disant n’avoir rien pu faire en raison de la puissance des flots ou des quantités anormales de précipitations, rien pu faire pour prévenir mais aussi pour secourir. Nous ne pouvons pas nous satisfaire de cette réponse-là. D’autres formations politiques l’ont dit : il faut absolument des réponses.
La Région wallonne a pris ses responsabilités et a mis sur pied une commission d’enquête et procède tous les vendredis à des auditions, et ce jusque fin janvier, pour arriver à une série de recommandations. Je sais que vous allez me répondre que vous avez, de votre côté, commencé à évaluer certaines choses, commandé des études pour la Protection civile ou mis en place des groupes de travail et de réflexion. Toutefois, je pense qu’il est important que chacun sache réellement ce qu’il s’est passé.
À ce titre, un élément important du dossier qui a, me semble-t-il, été absent de nos discussions et qui fait l’objet de cette interpellation, est le rapport d’analyse sur la gestion des voies hydrauliques commandé par la Région wallonne, principalement pour la question des barrages et de l’aménagement du territoire. Ce rapport comporte par ailleurs une vingtaine de pages sur les compétences fédérales et soulève une série de questions.
Il me semble y avoir un élément de plus sur lequel nous devons nous interroger et tirer des conclusions. Je relève principalement trois questions. La première concerne la communication et la mise en œuvre des arrêtés d’évacuation pris par le gouverneur de la province de Liège les 14 et 15 juillet derniers. Lors d’une précédente séance, vous m’avez répondu que ces arrêtés étaient bien évidemment contraignants. Dès lors, la première question qu’on se pose – ainsi que plusieurs bourgmestres l’ont souligné -, c’est « Comment a-t-on eu connaissance de ces arrêtés? ».
C’est tombé parfois dans la boîte obscure d’une administration communale qui n’était pas relevée. On ne s’est pas assuré par un appel téléphonique ou une présence physique de la bonne réception de ces arrêtés ni de leur exécution. Cela reste une question sans réponse. Si le gouverneur de la province de Liège est évidemment l’auteur de ces arrêtés et qu’il devait donc, avec ses services, s’assurer de leur réception et exécution, il est dans cette qualité votre représentant dans cette mission. C’est un organe déconcentré de vous. C’est comme si vous agissiez pour effectivement que ces arrêtés d’évacuation puissent être pris, connus et surtout exécutés. On sait que cela n’a pas été le cas. Certains bourgmestres ont pris eux-mêmes des initiatives, d’autres n’ont pas eu connaissance de cet impératif venant de la province.
Nous demandons clairement que vous puissiez évaluer la mission du gouverneur dans la gestion de la crise sur cet aspect très précis mais qui est crucial parce que si, effectivement, les zones avaient été évacuées, il y aurait probablement eu moins de décès ou pas de décès du tout. La deuxième question que ce rapport soulève, c’est la question des barrages et de savoir pourquoi ils ne sont pas repris dans la liste des infrastructures critiques qui sont fixées dans la loi du 1er juillet 2011 relative à la sécurité et à la protection des infrastructures critiques.
Cette loi impose au Centre de crise national de mettre ce listing à jour. Les barrages ne faisaient pas partie de ces infrastructures critiques. Pourquoi ? Le troisième point que ce rapport soulève, c’est l’impossibilité d’établir, lors des inondations, un poste de commandement stratégique et opérationnel alors que l’arrêté royal du 22 mai 2019 prévoit sa mise en place en cas de crise. Je pense singulièrement à la question des attentats. Ici, nous sommes dans la planification d’urgence et on continue à se poser la question : pourquoi ce commandement opérationnel, ce pilote dans l’avion, n’a-t-il pas été mis en place malgré tous les rapports, toutes les auditions, tous les témoignages des intervenants de terrain ? Tous disent la même chose : au fond, chacun a pris sa part comme ça sans très bien savoir ce que faisait un autre service ni se coordonner avec un autre service parce qu’ils ont agi dans l’urgence. Et on ne peut pas leur reprocher. Mais pourquoi n’y a-t-il pas eu la mise en place de ce moment qui est important ? On me dira qu’il faut légiférer ! Mais non !
Les textes légaux existent et dès lors il n’y a pas besoin de légiférer. Je souhaiterais avoir votre avis sur le rapport précité de la Région wallonne, connaître votre rôle dans la mise en œuvre des arrêtés d’évacuation, puisque le gouverneur vraisemblablement n’a pas agi avec la diligence nécessaire alors qu’il était, à ce titre, votre organe de représentation. Pour quelle raison les barrages ne font-ils pas partie des infrastructures critiques ? Pour quelle raison une unité de commandement opérationnelle n’a-t-elle pas été mise en place sur le lieu des inondations ? Comment comptez-vous remédier aux lacunes ? D’autres membres l’ont dit, n’est-il pas temps de mettre en place une commission qui s’inscrirait dans la durée, non pas selon les circonstances, et qui apporterait des réponses aux sinistrés ? C’est la moindre des choses que nous puissions faire. Je vous remercie.
Annelies Verlinden, ministre: Chers collègues, j’ai pris connaissance du rapport qui a été fait et il sera analysé avec attention, au cours des jours qui viennent, par le Centre de crise. Il sera analysé de manière détaillée pour savoir quelles actions devront être entreprises. Il est, néanmoins, important de souligner que ce n’est que le premier volet du rapport. On a annoncé une deuxième partie. Il est important d’également attendre le deuxième volet avant de nous prononcer sur tous les détails et sur toutes les actions.
D’après moi, il est également important d’attendre les travaux de la commission d’enquête au Parlement wallon avant de nous prononcer. En outre, le rapport parle, pour la plupart, des compétences des Régions. Je me limiterai, ici, aux questions que vous avez posées concernant les aspects fédéraux. Je veux tout d’abord souligner que nous sommes là pour les victimes, concernant les compétences et les services fédéraux.
Nous restons présents. Il y a une date limite pour la CAF. Nous nous sommes mis d’accord sur la date du 15 novembre mais nous allons évaluer s’il est encore nécessaire de prolonger la CAF et, si oui, nous le ferons. En cas de disparition de la CAF, en termes d’entités, d’organisation ou de structures, on pourra toujours apporter de l’aide via la protection civile. Nous n’allons pas disparaître avec tous les services fédéraux, au cas où la CAF serait déterminée. Nous nous concerterons avec tous les acteurs, ainsi qu’avec le gouvernement wallon et ses services. Il n’est pas question de partir trop tôt.
Comme vous le savez, et nous avons déjà eu l’opportunité d’en discuter à plusieurs reprises, la gestion d’une situation d’urgence se déroule en plusieurs phases. Lors de cette crise également, nous avons vécu ces différentes phases. Les phases communales ont, tout d’abord, été lancées. Les phases provinciales sont, ensuite, intervenues. Elles ont été lancées le 14 juillet par les gouverneurs de Liège, Namur et Luxembourg. Le 15 juillet, en fin de matinée, ce sont les gouverneurs du Brabant wallon et du Hainaut qui les lançaient.
Comme l’arrêté royal de 2019 le prévoit, lors d’une phase provinciale, c’est le gouverneur qui prend en charge la coordination stratégique. Pour ce, il est assisté par un Comité de coordination qu’il préside. Cependant, il faut savoir que, même dans une phase provinciale, conformément au cadre réglementaire, les bourgmestres impliqués dans la province appuient la coordination stratégique du gouverneur sur le territoire par la mise en œuvre des décisions qu’il a prises et par la prise de décisions complémentaires qui s’imposent, ce en concertation avec lui. Le même schéma est suivi au niveau de la phase fédérale.
C’est le gouverneur qui assure la coordination stratégique, mais ce sont les bourgmestres qui appliquent les décisions sur le terrain. Dans le cadre d’une phase provinciale, l’attente des décisions des gouverneurs, les bourgmestres peuvent prendre les mesures provisoires nécessaires en vue de limiter les conséquences de la situation d’urgence, en en informant immédiatement le gouverneur de leur province. Comme cela a été constaté, même après le déclenchement de la phase provinciale, certaines communes ont déclenché une phase communale.
Il y a des interactions entre les deux. Vous êtes déjà au courant des rapports et de tout ce qui a été fait les 14 et 15 juillet 2021 au niveau fédéral. On a décidé, le 15 juillet 2021 à 14 h 30, de prendre en charge la coordination stratégique au niveau fédéral pour assurer le suivi. J’ai déjà expliqué les raisons de cette décision, due au fait que plusieurs provinces étaient touchées et qu’il y avait plusieurs victimes. Pour garantir une coordination stratégique, on a pris cette décision au niveau fédéral. Avant cela, s’étaient d’ailleurs tenues plusieurs réunions avec les gouverneurs qui avaient confirmé avoir encore le contrôle de la situation. L’analyse a été faite et, vu l’ampleur de la crise et les prédictions météorologiques à venir des 15 et 16 juillet, il a été décidé de déclencher la phase fédérale. Comme je viens de l’expliquer pour la phase provinciale, lors d’une phase fédérale, ce sont les gouverneurs concernés avec les bourgmestres qui appuient la coordination stratégique du ministre de l’Intérieur sur leur territoire par la mise en œuvre des décisions du ministre et par la prise de décisions complémentaires qui s’imposent en concertation avec le ministre. C’est ce que stipule l’article 28 de l’arrêté royal du 22 mai 2019.
Là aussi, les gouverneurs sont concernés. Madame Matz, madame Ingels, vous avez fait référence au rapport du Codeco, selon lequel des gouverneurs se demandaient s’il fallait toujours passer par le niveau fédéral. Certaines décisions sont une implémentation des décisions prises par le Centre de crise et moi-même. Alors s’ils les exécutent, il ne faut plus passer par le fédéral. Si ce sont des décisions complémentaires, c’est à eux-mêmes de les motiver et de les formaliser. C’est la pratique actuelle basée sur le cadre réglementaire de la gestion de la crise. Lors d’une phase fédérale, on a installé la cellule de gestion fédérale COFECO avec les gouverneurs qui sont chargés de préparer et de coordonner la mise en œuvre des décisions stratégiques pour faire face à la crise. La cellule d’évaluation qui se compose d’experts a conseillé le COFECO.
Les gouverneurs des zones impactées étaient entourés de leurs cellules de crise provinciales car ils devaient implémenter les décisions prises au niveau fédéral. Là aussi, les structures de crise à cause du déclenchement des phases provinciales ont été maintenues. Les gouverneurs pourraient profiter de la présence de leurs propres cellules de crise provinciales pour implémenter les décisions. Il en va de même pour les bourgmestres. En ce qui concerne les évacuations, certains bourgmestres ont pris des décisions d’évacuation avant la phase fédérale, déjà lancée le 13 ou le 14. Vous vous rappelez peut-être que le gouverneur de la province de Luxembourg a également pris une décision d’évacuation des camps de jeunesse.
C’était déjà fait avant la phase fédérale. Le gouverneur de la province de Liège a également pris une décision d’évacuation le 14 juillet, également avant le déclenchement de la phase fédérale. Cet arrêté du gouverneur de la province de Liège du 14 juillet prévoit clairement que la décision serait diffusée par le provincial par différents canaux, à savoir les bourgmestres de certaines communes comme Baelen, Chaudfontaine, Eupen, Limbourg, Pepinster, Trooz et Verviers. Il y avait également une communication via les zones de police et la police fédérale, les entités régionales et provinciales et le Centre de crise.
Le gouverneur a pris cette décision, cet arrêté provincial, et ensuite, cela a été communiqué par ces canaux. Comme vous l’avez dit, c’est contraignant. Les autorités communales et les services de police étaient chargés de faire appliquer l’arrêté, dans la mesure du possible. On sait très bien que ce n’est pas parce qu’on prend un arrêté que les gens sont informés. Il nous faut des systèmes pour informer les gens. Dans l’organisation de la gestion de la crise qu’on connaît aujourd’hui, c’est aux autorités locales de préciser comment ces actions ont été exécutées ou devront être exécutées sur le terrain. C’est à elles, qui sont près du terrain, de prendre les décisions d’exécution. Nous connaissons les systèmes d’alarme que nous utilisions auparavant.
Nous avons décidé de les abandonner à cause de leur coût. À présent, nous utilisons par exemple le système BE-Alert. D’après moi, il y a un point à travailler en Commission d’apprentissage fédérale : comment améliorer la mise en œuvre de ces arrêtés d’évacuation ? Il est vrai que si les gens n’ont pas de moyen de communication normal, ils ne liront par leurs mails ! Je le comprends. Mais nous avons travaillé avec des systèmes connus. S’il faut changer, il y a des moyens pour optimaliser le système d’alerte et d’évacuation, ce qui fera l’objet d’une analyse au sein de la Commission d’apprentissage fédérale. Quand la phase fédérale a été lancée, on a encore donné des instructions pour des évacuations préventives après son déclenchement. Par exemple, le gouverneur du Limbourg a pu annoncer des évacuations préventives, alors que l’eau n’avait pas encore envahi toutes les communes.
La prise en charge par la phase fédérale a engendré cette décision. À votre deuxième question, à savoir comment la liste des infrastructures est-elle réalisée, je peux répondre que cela relève de la loi relative à la sécurité et à la protection des infrastructures critiques de 2011. Son champ d’application se limite aux secteurs de l’énergie, des transports, des finances, de la santé, de l’eau potable, d’infrastructures numériques et de communication électronique. Dans le cadre de cette loi, le Centre de crise national a un rôle de coordination et de conseil aux autorités sectorielles. Il incombe cependant à ces dernières d’identifier les infrastructures nationales et européennes relevant de leur compétence sur la base d’une analyse et de critères.
Le cadre législatif et politique concernant les infrastructures critiques connaît actuellement quelques évolutions au niveau européen. Une nouvelle directive, la critical entities resilience directive, remplacera la directive européenne sur les infrastructures critiques. Cette nouvelle directive donnera également lieu à un nouveau processus d’identification. Dans le cadre de cette directive, l’approche spécifique – focalisée sur les risques d’origine humaine – de la législation actuelle relative aux infrastructures critiques sera étendue à une approche tous risques. C’est une question qu’on peut se poser concernant les barrages. Ceci devra mener à la mise en place de mesures de résilience au regard de divers risques au sein des entités critiques. La finalité de la directive reste d’assurer la continuité des services vitaux afin que les entités concernées puissent continuer à assurer leurs fonctions de base de manière optimale. Les compétences ne sont pas transférées, c’est simplement le cadre légal pour les infrastructures critiques. Vous demandiez également comment la coordination était organisée sur le terrain.
On a parlé des Dir-PC-Ops qui pourraient être engagés. Dans les situations d’urgence, on peut avoir une coordination opérationnelle ou une coordination stratégique ou la combinaison des deux. En présence sur le terrain de plusieurs opérateurs compétents, il est nécessaire de procéder à une coordination opérationnelle. À ce moment-là, il est décidé de mettre ou de ne pas mettre en place un poste de commandement opérationnel (PC-Ops) sur le terrain. Cette décision opérationnelle est appréciée en concertation par les services d’intervention impliqués sur le terrain en fonction de la nature de la situation. En cas de déclenchement d’une phase, la coordination multidisciplinaire a également lieu au sein du comité de coordination de l’autorité compétente. Dès lors, l’absence d’un PC-Ops n’implique pas nécessairement l’absence de coordination. En vertu des réglementations actuelles, notre première tâche est la coordination et la facilitation dans le cadre des inondations du mois de juillet, et ce dans plusieurs réunions, même avant le déclenchement de la phase fédérale où, comme vous le savez, le Centre de Crise avait déjà organisé des réunions de suivi avec les gouverneurs. À ces occasions, il a demandé à de multiples reprises aux gouverneurs, dont celui de la province de Liège, de faire part de leurs besoins. À ce moment-là, le message est passé, et il appartient alors au gouverneur de décider si, sur le plan opérationnel, il est nécessaire ou non de recourir aux Dir-PC[1]Ops ou aux PC-Ops.
En tout état de cause, je ne cesse d’insister sur l’importance de l’évaluation de la gestion de la crise. Aujourd’hui, comme nous avons l’habitude de le faire, une évaluation sera réalisée sous la houlette du Centre de Crise, en étroite collaboration avec l’ensemble des partenaires impliqués dans la coordination stratégique. Le but est de mettre en lumière les enseignements à tirer. Les gouverneurs seront également invités, avec leur cellule de crise provinciale, à porter un regard critique sur la gestion de cette crise, y compris sur la gestion pendant les phases provinciales, les arrêtés d’évacuation et les décisions opérationnelles qu’ils ont prises par rapport au PC-Ops. Il est logique et évident que les plans d’urgence devront être adaptés afin d’y intégrer les leçons qui auront été tirées. En outre, comme vous le savez, nous allons lancer une commission d’apprentissage.
Mevrouw Ingels, u verwees ook naar de rol van de regionale crisiscentra en de interactie met hen. Het is zeker zo, ook in een crisis zoals we die gekend hebben in juli, dat niet enkel de federale staat betrokken is bij de hele ketenbenadering, ook de deelstaten hebben een belangrijke rol te vervullen. Zij hebben daar overigens ook een bijzondere expertise in die vandaag al ingezet wordt voor het crisisbeheer. Het lijkt me dat hun inbreng en expertise belangrijk zijn in alle fasen van het crisisbeheer, van informatie over de preventie en de opvolging tot de nazorg. Ik wil niet vooruitlopen op de lessen die we hieruit moeten trekken, maar het lijkt mij dat een formalisering van de samenwerking tussen de deelstaten en het crisiscentrum van belang is, precies omwille van de informatie-uitwisseling en de integratie. Zoals u allicht weet hebben er in het verleden ook al gesprekken plaatsgevonden met de ministers-presidenten van de deelstaatregeringen om daartoe te komen. Naast het meer interdepartementaal karakter van het crisiscentrum moeten we op die manier zeker ook zijn interfederaal karakter versterken. Gelet op de timing ga ik het niet helemaal uit de doeken doen, maar met betrekking tot de informatie weet u dat wat de gemeentelijke en provinciale crisisplannen betreft, men die ANIP’s en BNIP’s opmaakt om aan noodplanning of crisisplanning te doen.
Ze worden al dan niet aangevuld na bepaalde praktische multidisciplinaire oefeningen die men af en toe doet om de noodplanning te testen. Het is aan de gouverneurs om te beslissen voor welke risico’s zij een BNIP opmaken, een Bijzonder Nood- en Interventieplan. Er zijn gouverneurs die dat hebben gedaan voor overstromingen en er zijn er die dat niet hebben gedaan. Dat laatste betekent niet altijd dat men niet voorbereid is, want men kan overstromingen uiteraard ook opnemen in het ANIP. Op die manier kunnen de noodsituaties zo goed mogelijk beheerd worden. Het lijkt me ook logisch dat we die plannen zullen actualiseren met de informatie die we nu hebben, om de lessons learned erin te integreren. Ik wilde u nog een overzicht geven van een aantal multidisciplinaire noodplanoefeningen uit het verleden. In Vlaams-Brabant gebeurde dat in 2019 en in Oost-Vlaanderen en Antwerpen in 2018.
In Limburg was er een gepland in 2020, maar dat kon door corona niet doorgaan. In Luik zijn er overstromingen geweest in 2016 en 2018 en die plannen zijn dus ook aangepast aan de reallife situatie die zich daar heeft voorgedaan. Dat verder optimaliseren is dus zeker een work in progress. Dat is natuurlijk niet alles. Zoals u weet, organiseert het Crisiscentrum ook toelichtingen voor lokale besturen. Er zullen alvast minstens twee sessies worden ingepland in 2022 om nieuwe bestuurders, nieuwe burgemeesters op de hoogte te brengen van de wetgeving met betrekking tot de noodplannen, van de verschillende risico’s en eventueel van de nood om dergelijke plannen voor hun grondgebied op te stellen of bij te werken.
Dat is zeker iets wat gebeurt. Het is niet omdat we dat niet samenvatten in een grote commissie dat we de ervaring die we hebben niet meenemen. Het is onze verantwoordelijkheid om dit te verbeteren of te actualiseren. Mevrouw Matz, wat betreft uw twee specifieke vragen over het feit dat de gouverneurs hadden gezegd dat het dezelfde manier van werken was, moet ik de tekst van het verslag van het Crisiscentrum er opnieuw bijhalen, maar ik heb die hier nu niet bij. Mogelijks houdt dat verband met het feit dat het Crisiscentrum overleg had met de gouverneurs alsof er een federale fase was. Zonder de coördinatie over te nemen was er op 14 juli ook al regelmatig overleg, ook bilateraal, tussen het Crisiscentrum en de gouverneurs. Mogelijk heeft diezelfde manier van werken betrekking op het aantal vergaderingen en op de contacten die er waren. Ik zal dat nagaan. Ik heb daarnet al iets gezegd over het al dan niet langs het Crisiscentrum moeten passeren. Dat is voor bepaalde beslissingen tijdens de crisis uiteraard niet nodig. Als men vragen heeft over de implementatie van beslissingen die op federaal vlak genomen worden, kan dat wel. Ik blijf ter beschikking van het Parlement om over dit thema te debatteren.
We moeten zeker een leercommissie lanceren. We hebben daar een bestek voor opgemaakt, dus dat zal in de komende weken gebeuren. Ik heb deze week in de commissie ook gezegd dat we ons huiswerk goed moeten maken. We zullen daar toch wel een vijftal maanden voor nodig hebben. Het is mijn bedoeling om dat samen met het Parlement te doen, zodat ook uw suggesties en ideeën, van personen die vaak ook een lokale verantwoordelijkheid dragen, kunnen worden meegenomen.
Vanessa Matz (cdH): Madame la ministre, je vous remercie pour votre réponse exhaustive, reprenant toutes les références juridiques et techniques qui s’imposent. Cela faisait partie des questions que nous posions mais si on nous écoute dans la région liégeoise, je doute que vos propos soient clairs quant au rôle des uns et des autres. Il y a une chose qui me semble en tout cas lisible, c’est le rôle du gouverneur de province – ou le non-rôle dans ce cas-ci. Vous avez rappelé que c’est lui qui prend en charge la coordination stratégique en cas de phase fédérale, que c’est lui aussi qui devait éventuellement imaginer une coordination opérationnelle, que le Centre de crise lui a demandé à plusieurs reprises s’il avait besoin de quelque chose.
De toute évidence, d’après ce dossier, le rôle du gouverneur en province de Liège est particulièrement crucial et particulièrement interpellant quant à une série de missions dont il avait la charge. Si, effectivement, certains bourgmestres ont pris des arrêtés d’évacuation complémentaires, il n’en demeure pas moins que le gouverneur avait, lui-même, pris pour certaines communes des arrêtés d’évacuation, à propos desquels les bourgmestres concernés disent ne pas les avoir reçus et n’avoir pu mettre les mesures en œuvre. Ils sont extrêmement tardifs également : 14 et 15 juillet !
Le 14 juillet, nous étions ici, nous parlions de la loi pandémie. À ce moment-là, nous avions déjà une idée. Par exemple, chez moi et dans ma commune, on avait déjà été inondé pendant la nuit. On sent le caractère tardif des arrêtés.
Pourquoi ? Parce que le numéro d’appel 1722 pour les demandes d’aide est activé le 12 juillet. Par contre, les arrêtés d’évacuation du gouverneur de la province de Liège ne sont pris que les 14 et 15 juillet. Avouez quand même qu’il y a quelque chose qui dysfonctionne !
D’un côté, on active ce numéro parce qu’on se dit que quelque chose va se passer, de l’autre, les arrêtés d’évacuation sont pris trop tard. Non seulement, c’est trop tard mais on ne s’assure pas non plus de savoir si les destinataires sont bien au courant ni si ces arrêtés sont bien exécutés. Cela me pose vraiment question. Quand vous me dites que vous allez associer les gouverneurs et que vous allez leur demander d’évaluer, c’est celui de la province de Liège pour lequel nous demandons une évaluation. C’est sa mission qui doit être évaluée. Ce n’est pas lui-même qui va pointer les problèmes et vous dire « j’ai manqué » de discernement, j’ai agi tardivement ».
On sait bien que cela ne se passera pas comme cela. C’est vous, en tant que tutelle, qui devez l’évaluer tout comme les procédures qu’il a mises en place afin de savoir si, effectivement, les bourgmestres concernés étaient bien au courant. C’est trop facile de dire que les bourgmestres n’ont pas voulu, n’ont pas su, n’ont pas pu exécuter. Il fallait qu’ils sachent et qu’ils aient aussi les moyens de le faire et qu’on leur dise : « Attention, c’est très important. » Je pense que vous devez vraiment évaluer la mission du gouverneur de la province dans les compétences qui sont les vôtres évidemment. En effet, c’est sous votre autorité qu’il assure ses missions, principalement les ordres d’évacuation. Ces derniers continuent à poser problème ; même si nous savons qu’il y a une moindre culture du risque en Belgique. Mais certaines communes l’ont fait. Et certaines communes ont pris leurs dispositions. Je voudrais vraiment insister à nouveau.
La commission d’apprentissage va-t-elle nous donner les éclaircissements à ce sujet ? Je ne le pense pas. Je pense que c’est une fonction politique qui a été défaillante. Pendant tout votre exposé, si vous ne l’avez pas cité une fois, vous ne l’avez pas cité 50 fois : le gouverneur, le gouverneur, le gouverneur, dans des missions essentielles. On se rend bien compte qu’il y a un problème. Il y a un problème de procédure, peut-être un problème de non-anticipation. En tout cas, on doit le savoir. Vous dites que les gens pouvaient l’apprendre par B-Alert. Vous savez, j’ai reçu un sms de B-Alert le jour suivant, pour me dire : « Ne bougez pas de chez vous ! » Tout était sous eau, nous n’aurions de toute façon pas su bouger !
Voilà, il y a quand même une question. Il y a un problème. Je voudrais vraiment qu’on réfléchisse au-delà de la commission d’apprentissage ; qu’on puisse être associé, dès maintenant, à une évaluation, à des auditions, pour ne pas dire aux gens qu’on va reporter cela dans plusieurs mois, qu’on verra bien, etc. Je pense que les gens ont besoin de réponses maintenant, parce que c’est vraiment difficile pour eux. Et, pour pouvoir avancer, comme je l’ai dit, il faut des réponses. Je pense qu’elles doivent arriver rapidement. Je vous invite vraiment à réfléchir, ainsi que la majorité, à l’ensemble des procédures que nous pourrions mettre en œuvre pour avoir ces réponses pour les sinistrés.